Il n'est pas encore César, mais il a déjà son Brutus
Dernière tournée, dernière virée en SM, dernière Corona pour Jacques Chirac ce soir. Fin. Rideau sur une époque, sur une manière de faire de la politique, sur une vision et des valeurs (qu’on les approuve ou pas).
C’est un livre qui se referme sur une génération marquée par deux guerres (celle de 39-40 et celle d'Algérie) deux républiques et dont il est le dernier représentant. La relève (d’ou qu’elle vienne) n’aura pas la même vision, sera passée en trente ans de la dactylo au web 2.0, axera sa politique sur une Europe en voie d’élargissement et non pas naissante, sera formatée par l’économie de marché et non plus la guerre froide, le libéralisme et la mondialisation, la passation de pouvoir de l’Etat aux entreprises, et des valeurs de la République à celles du CAC 40.
Discours de clôture, de fin de règne, mais dans lequel Chirac à souligné deux points qui seront importants dans les semaines à venir. Citations :
« D'abord, ne composez jamais avec l'extrémisme, le racisme, l'antisémitisme ou le rejet de l'autre ».
« Nous ne devons pas craindre les évolutions du monde[…] Il faut continuer à y imprimer notre marque. Et il faut le faire sans jamais brader notre modèle français. Ce modèle, il nous ressemble.»
« La France doit affirmer l'exigence d'une Europe puissance. D'une Europe politique. D'une Europe qui garantisse notre modèle social. C'est notre avenir qui est en jeu. »
Ces deux points, l’extrémisme et le modèle social français sont en contradiction totale avec la création d’un « ministère de l’immigration et de l’identité nationale », les clins d’œil au FN et le libéralisme sauvage prônés par Nicolas Sarkozy…
Chirac nous referait il le coup du ralliement à Giscard en 81 ? Considèrerait il que la vengeance est un pain chaud qui se mange froid ? Sa position définitive (de même que celle de Borloo, autre coïncidence), interviendra plus tard. Mais le ton est donné même s’il adoube finalement le candidat-ministre.
Sarko, n’est pas encore César, qu’il a déjà son Brutus…