Disparu prématurement

Hélas, trois fois hélas Pinochet est mort.

Ce n’est pas que je le pleure ami bloggien, loin de la. La nouvelle aurait même tendance à me réjouir. En fait le seul fait qu’il soit mort, sans avoir été jugé, dans un lit d’hôpital climatisé entouré de médecins et de sa famille me gâche un peu ma joie. Je l’aurais préféré, dans ce cas de figure ou il ne sera jamais condamné, mourant des suites d’un saut à l’élastique, rebondissant sur les pierres tel un pantin, ou bien encore enfoncé dans le sable jusqu’au cou et voyant la marée montante l’engloutir ou encore sous les coups de boutoir des instruments de torture qu’il a fait appliquer à ses opposants.

Hélas donc il se sera éteint paisiblement, sans regrets, sans remords, sans manifester aucune compassion. Et surtout sans procès.

Tu me diras, à quoi bon un procès ? Qu’est ce que cela aurait apporté de plus qu’un défilé tragique d’ombres vivantes ou mortes, que le ressentiment, la douleur et la peine, pour arriver à cette sentence inéluctable : coupable d’actes de barbarie.

Tu me diras que Papon a été jugé, condamné et s’est évadé pour raisons de santé et que l’on y a rien trouvé à redire ou si peu.

Oui mais coupable aux yeux de la loi, aux yeux du monde civilisé, celui qui donne le droit à la défense fût elle d’actes inqualifiables. Jugé non pas arbitrairement au fond d’une cave ou d’une prison avec pour toute défense un bandeau sur les yeux et les mains liées dans le dos. Condamné pour ses actes avérés et non pas supposés et par un vrai jury  

Un procès. Cette nuance est infime dans le sort qui de toute façon lui était réservé. Mais c’est cette nuance qui fait toute la différence entre la démocratie et la dictature et entre la justice et la barbarie.

Pinochet est mort.