La fente

Publié le par wolvie

Elle est la, contre moi, sous mes doigts…la fente, la fêlure, la lézarde. Trace plus visible sur le mur blanc en plein été que le sourcil circonflexe sur l’Auguste.

Je glisse un doigt, puis un autre, tentant d’écarter les lambeaux de crépi, pénétrant le ciment, essayant d’ouvrir cette paroi. Cherchant la lumière au bout de cet improbable tunnel.

La coquille s’effrite sous mes doigts. Le mur devient chair comme un abricot mur et se laisse pénétrer, aspirant mes phalanges.

Enivré, la vie m’apparaît. Je fouille les anfractuosités, cherchant à percer le mystère de ce chemin qu’un jour j’ai traversé. Archéologue de cette grotte, j’en cherche tous les secrets.

Une houle submerge le mur dans lequel mes doigts sont glissés, un souffle chaud, Scirocco brûlant, vient m’envelopper. J’esquisse un lent mouvement de retrait mais la fente poursuit mes extrémités. A tâtons j’essaye de me dégager, sans succès.

Je suis moi-même aspiré par ce minéral devenu vivant sous mes recherches. Mon derme est huilé et coulisse désormais. Je veux tout explorer tandis la pierre continue à se transformer en animal prêt à me dévorer. Je n’ai ai cure, je viens mêler mon haleine a son odeur sauvage.

Porte ouverte sur mille fenêtres, Chronique d’une petite mort annoncée, fleur de nacre, fruit d’été, orifice vibrant dont la voix court dans mes veines, je viens. Ce soir, ton corps modèlera les draps.

Publié dans Ecorchures

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